Numérique Responsable : les coûts environnementaux cachés de l’intelligence artificielle générative

Numérique Responsable : les coûts environnementaux cachés de l'intelligence artificielle générative

Dans un récent podcast, Ivan Mariblanca Flinch, fondateur de la start-up suisse MIKUJY et expert en Green IT / Sustainable IT spécialisé dans la mesure de l’empreinte numérique des entreprises, met en garde contre les dérives environnementales de l’IA générative. Il décrit une réalité peu connue : l’IA est loin d’être immatérielle, et son utilisation génère une pollution numérique importante, souvent invisible pour l’utilisateur final.

a large factory with smoke stacks

La véritable pollution numérique

« Lorsque nous parlons du cloud, nous imaginons quelque chose de léger, d’aéré, presque invisible. Mais la réalité est tout autre. Les technologies numériques impliquent des émissions et la consommation de métaux, de combustibles fossiles et d’électricité. »

Ivan Mariblanca Flinch souligne que la technologie numérique repose sur trois piliers matériels : les appareils électroniques, les réseaux et les centres de données. Il existe aujourd’hui plus de 34 milliards d’appareils connectés dans le monde, avec une moyenne de 11 appareils par habitant en Europe.

Les infrastructures numériques sont également extrêmement gourmandes en ressources :

  • L’eau utilisée pour refroidir les serveurs
  • L’électricité nécessaire pour alimenter les centres de données,
  • Métaux rares extraits à grande échelle, parfois dans des conditions éthiques et environnementales discutables.

IA générative : un modèle gourmand en énergie

La formation d’un modèle d’IA générative à grande échelle tel que GPT-3 a, à elle seule, consommé plus de 700 000 litres d’eau. L’utilisation courante de ces modèles, comme une simple session de questions-réponses, représente également une empreinte écologique considérable : 25 à 50 requêtes suffisent pour évaporer un demi-litre d’eau, rien que pour refroidir les serveurs.

Il y a ensuite l’impact des matériaux rares* nécessaires à la fabrication de matériel informatique. *Les matériaux rares, souvent appelés « terres rares » ( par exemple : europium, yttrium, terbium, gallium, tungstène, indium, tantale…), sont un groupe d’éléments chimiques essentiels à la technologie moderne. Utilisés dans les batteries, les composants électroniques et les aimants haute performance, leur extraction est particulièrement énergivore et polluante. L’extraction d’un kilogramme de lutétium, par exemple, nécessite le traitement de 120 000 tonnes de roche. Ces chiffres soulignent le fossé croissant entre les ambitions écologiques affichées et la réalité industrielle de l’IA. En effet, depuis que les entreprises se sont lancées dans la transition environnementale et numérique, l’exploitation des ressources naturelles n’a jamais été aussi intense.

Mesurer l'empreinte numérique : une nécessité

À la lumière de ces conclusions, Ivan insiste sur l’importance de mesurer l’empreinte numérique dans son intégralité, en intégrant toutes les étapes du cycle de vie des équipements : extraction, fabrication, transport, utilisation, réutilisation et fin de vie.

Dans les entreprises, 90 % de l’empreinte carbone des équipements personnels (ordinateurs, smartphones, écrans) provient de leur fabrication. À l’inverse, pour les centres de données, c’est leur utilisation quotidienne qui génère la majeure partie de l’impact. Il est important de noter que l’impact environnemental des centres de données varie considérablement selon le pays dans lequel ils sont situés.

Les indicateurs clés à surveiller sont :

  • La consommation d’énergie (et le ratio PUE « Power Usage Effectiveness »),
  • La consommation d’eau pour le refroidissement,
  • La durée de vie des équipements.

Efficacité énergétique : une mauvaise solution ?

L’un des points les plus frappants soulevés dans le podcast est le paradoxe de l’efficacité énergétique. Si les équipements deviennent plus efficaces, cela encourage souvent une augmentation de leur utilisation : plus de données générées, plus de modèles utilisés, plus de stockage. Résultat : une empreinte globale croissante, malgré des gains par unité.

Le problème ne se limite donc pas à la technologie elle-même, mais concerne également la société de l’information dans laquelle elle s’inscrit. Comme le souligne Ivan : « Nous mettons une voiture de luxe entre les mains de chacun, tout en leur demandant d’emprunter les transports en commun. »

Quelle est la responsabilité des acteurs du numérique ?

Les politiques publiques, les entreprises et les utilisateurs ont tous un rôle à jouer. Les règlementations peuvent établir un cadre, mais  sans culture ni sensibilisation, elles restent insuffisantes. Par exemple, de nombreuses grandes entreprises préfèrent payer des amendes plutôt que de modifier leur modèle économique.

Dans le même temps, les utilisateurs ont un réel pouvoir d’influence. Le simple fait de  de changer de navigateur ou Le choix d’outils plus sobres peut inciter les principaux acteurs du web à revoir leurs priorités.

Le défi est immense : En Irlande, un tiers de la consommation d’électricité prévue pour 2030 pourrait être attribuée aux centres de données. Dans ce contexte, toute initiative visant à réduire l’empreinte numérique devient stratégique.

Meeting illustrating shared responsibility in digital sustainability

Vers le numérique responsable

Ce podcast soulève une question centrale : le développement technologique des centres de données peut-il être concilié avec la sobriété numérique ? La réponse réside dans une approche structurée fondée sur la mesure, la transparence et la stratégie.

C’est précisément la mission de MIKUJY, qui aide les organisations à analyser de manière exhaustive leur empreinte numérique, les accompagne dans leur transition vers un numérique responsable et les aide à définir des mesures concrètes de réduction grâce à notre CircularIT SaaS plate-forme.

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